En plein mois d’août, le rapport du Haut conseil de l’intégration (HCI) préconisant l’interdiction du port du voile dans les universités a emballé la sphère médiatique. C’est le quotidien Le Monde, qui a donné le la en la mettant en Une mardi dernier. Sur un ton direct et bref, Jean-Loup Salzmann, Président de la conférence des présidents d’université (CPU) et président de l’université Paris XIII, ne mâche pas ses mots pour expliquer son opposition au rapport du HCI. Entretien.
Quel est votre avis concernant le rapport du HCI, qui a fait la Une du journal Le Monde cette semaine ?
Je pense que c’est une opération de communication qui utilise le fait que c’est le mois d’août, qu’il n’y a pas beaucoup d’information, pas beaucoup de grain à moudre pour les journalistes.
Que pensez-vous de l’idée de légiférer pour interdire le « port du voile » aux jeunes filles dans les universités ?
Personnellement, je pense que c’est une très mauvaise idée. Tout d’abord parce qu’il n’y a pas de demandes des universités, ensuite parce qu’il n’y a pas de problèmes. Je ne vois vraiment pas l’intérêt de faire une loi quand il n’y a ni demande, ni problème.
Vous êtes aussi président de la faculté de Paris XIII-Nord Villetaneuse. Avez-vous déjà rencontré des difficultés avec ces jeunes filles qui ont la tête couverte ?
Des problèmes, on ne peut pas vraiment dire, ce sont elles, parfois, qui rencontrent des soucis, par exemple pour trouver un stage. Mais dans ces cas-là on essaye de les aider.
Si l’Etat légifère, quelles conséquences cela pourrait-il avoir dans les universités françaises ?
Il n’y aura pas de conséquences car l’Etat ne légiféra pas.
Mais concrètement, aujourd’hui, quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontées les universités et qui mériteraient que l’Etat légifère ?
Nous avons beaucoup de problèmes dans les universités aujourd’hui. Tout d’abord des problèmes de moyens. Nous n’avons pas assez d’argent pour accueillir tous le monde. Des problèmes d’orientations, pour aider les étudiants à s’inscrire dans des filières. Des problèmes de réussite en licence où il y a beaucoup d’échec et enfin, des problèmes d’insertion professionnelle. Ce sont de vrais problèmes qui méritent que l’on s’attarde dessus, pas des faux problèmes qui ne concernent que trois ou quatre personnes.
Imane Youssfi