Pour la quatrième Ecole du Blog de la saison, le Bondy Blog a eu le plaisir de recevoir dans ses locaux Karim Rissouli et Mathias Hillion. Les deux journalistes ont axé leur masterclass sur la réalisation du documentaire et sur la valeur ajoutée du journaliste.
Karim Rissouli, 32 ans, et Mathias Hillion, 39 ans, ont tous les deux fait une école de journalisme et la même qui plus est : le Celsa à Paris. Même école mais pas la même promo. C’est la chaine Canal + qui donnera l’occasion aux deux journalistes de travailler ensemble. Karim Rissouli a d’abord officié aux services informations générales et politique d’Europe 1 avant de rejoindre Canal + et son émission « Dimanche + » en tant que reporter, en 2009.
Mathias Hillion, lui, a travaillé pendant sept ans aux informations générales de France 2 avant de faire partie de l’émission « Dimanche + » dès ses premières diffusions, en 2006. L’émission s’est arrêtée l’an dernier mais les deux hommes continuent d’exercer leur métier ensemble au « Grand Journal » où Karim est chroniqueur politique quand Mathias produit des « magnétos ». Ce dernier réalise par ailleurs des documentaires pour la chaîne cryptée.
« Pour que l’on vous confie les rênes d’un 52 minutes, il faut avoir de l’expérience », déclare Mathias Hillion. Une expérience qui s’acquiert sur le terrain en allant à la rencontre des gens et qui permet d’assimiler des réflexes utiles pour la réalisation des formats longs. Mathias Hillion conseille à tout ceux qui souhaitent devenir journaliste de faire autant de stages que possible dans des rédactions. « Pour moi, il y a une supériorité des personnes qui ont été reporter au quotidien, à la radio, en télé, en presse écrite sur ceux qui n’ont fait que de la boîte de production et des morceaux de documentaire », juge-t-il.
Entre 8 mois et 3 ans peuvent s’écouler entre l’écriture d’un projet et la diffusion de celui-ci. « Il faut d’abord écrire un synopsis, ensuite il faut le proposer au rédacteur en chef d’une émission et puis un comité de validation de la chaîne se réunit pour décider de l’achat ou non du projet », explique Karim Rissouli. Ensuite à Mathias Hillion de compléter : « Il faut essayer d’écrire un film qui est très structuré, très chapitré. Ce travail sur la structure permet d’organiser sa pensée et d’être synthétique ». Un travail de synthétisation qui est nécessaire pour l’auteur du projet mais aussi pour les spectateurs, confrontés à une information qui part dans tous les sens sur Internet ou les chaines d’info en continu.
« Il faut muscler votre culture générale »
Les deux journalistes précisent que le documentaire, aujourd’hui, s’inspire des codes d’Internet et de la télé-réalité mais de manière maligne. « Vous avez accès à une multitude de documentaires sur Internet, essayer de comprendre la structure et de vous demander ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas », exhorte Mathias Hillion. « Il faut beaucoup lire et beaucoup regarder pour se construire une culture générale. Objectivement, en France, il y a des documentaires de qualité entre France 2, France 3, Arte, Canal +, etc », poursuit-il.
Karim Rissouli estime qu’avec la « culture du zapping » tout va très vite, que nous sommes exposés à une masse d’informations que très peu de personnes prennent le temps de vérifier. « La valeur ajoutée d’un journaliste, c’est de dépasser la culture de l’immédiateté ». Mathias Hillion abonde dans ce sens : « Pour préparer notre documentaire sur le Front National, nous sommes allés rencontrer des chercheurs qui s’intéressaient au sujet, nous avons interrogé d’autres journalistes plus spécialisés, nous avons lu des livres sur le sujet, nous avons lu la presse d’extrême-droite … »
Pour conclure cette quatrième Ecole du Blog, Mathias Hillion donnera un dernier conseil en guise de règle d’or du futur journaliste : « C’est un effort d’être journaliste. Ce n’est pas en regardant trois sites et en développant un avis avant même d’en avoir lu certain nombre que l’on devient journaliste. Il faut apporter quelque chose de nouveau : un regard, une manière de travailler, des informations et il faut muscler votre culture générale, parce que ce sera votre garantie pour demain. »
Kozi Pastakia