La réunion de 15 heures ce lundi 4 décembre n’aura duré que quelques minutes. Les syndicats FO, SUD et CFDT ont décidé de quitter la table des discussions avec la direction de H. Reiner, filiale du groupe Onet. À leur arrivée, ils ont conditionné la poursuite des négociations à l’annulation des convocations envoyées à des salariés ces derniers jours. En vain. En effet, plusieurs d’entre eux ont reçu de leur employeur une convocation à un entretien en vue d’un éventuel licenciement.
Au total, selon les syndicats, au moins une trentaine d’agents de nettoyage en grève auraient reçu ce courrier de la part de la direction de H. Reiner.
« Je n’ai rien à me reprocher et on a rien à ne me reprocher »
Parmi eux, Moussa Cissé, 40 ans, agent de nettoyage en grève depuis le début du mouvement, le 2 novembre 2017. Ce père de 3 enfants a reçu ce samedi 2 décembre, ce courrier en recommandé de son employeur, H. Reiner, avec pour objet « Convocation à entretien préalable« .
« Nous vous informons que nous sommes amenés à envisager à votre encontre une sanction disciplinaire allant jusqu’au licenciement pour faute« , peut-on lire dans le dit courrier que nous nous sommes procurés. Moussa Cissé est convoqué par la direction de H. Reiner lundi 16 décembre.
« Je n’ai rien à me reprocher et on a rien à ne me reprocher. Je suis comme on dit ‘droit dans mes bottes’. On se bat pour nos droits, on se bat pour des meilleures conditions de travail ». Moussa Cissé fait grève pour la première fois, lui qui compte 18 années de travail comme agent de nettoyage auprès de l’ancienne société, SMP.
« La direction est prête à tout pour enrayer la grève »
Ahamadou, agent de nettoyage de 46 ans et syndiqué chez Sud, ne décolère pas. « La direction veut nous mettre le couteau dans la gorge en agissant de la sorte. Nos amis et salariés sont convoqués alors que la direction n’a rien à leur reprocher. Cette méthode est scandaleuse. Mais on va leur montrer comment on est solide ! » « C’est inadmissible ! », poursuit Diadié Diakhité, responsable CFDT manutention ferroviaire à la SNCF et qui accompagne les grévistes dans leur mouvement social. « Il n’y a aucune chose qu’on peut reprocher aux grévistes, le mouvement est exemplaire. A travers cette manœuvre, la direction veut casser le mouvement. Mais elle provoque l’effet inverse, elle nous renforce dans notre détermination ! »
« Si la direction croit que cela me fait peur et bien elle se met le doigt dans l’œil, poursuit Moussa Cissé. La direction est prête à tout pour enrayer la grève; elle veut nous mettre la pression et casser notre mouvement. Mais au contraire, cela me renforce dans mon combat. Je ne lâcherai rien ».
Pour les syndicats, pas de négociations si les convocations ne sont pas annulées
« C’est une manœuvre scandaleuse de la part d’Onet. Comment voulez-vous discuter sereinement alors que des grévistes vivent sous la menace d’un licenciement ? » fulmine Norredine Toumi, secrétaire général FO des personnels de nettoyage des trains et gares d’Ile-de-France et partie prenante des négociations.
Une autre réunion de négociation était programmée mercredi 6 décembre. Pas question pour les syndicats d’y participer tant que les convocations pour entretien envoyées aux salariés en grève n’ont pas été annulées.
Depuis le 2 novembre 2017, plus d’une centaine d’agents de nettoyage de la société H. Reiner sont en grève. Ils réclament l’amélioration de leurs conditions de travail : prime panier-repas, prime vacances, maintien des effectifs, clause mobilité. Si la direction a fait un pas envers les salariés sur le panier-repas, proposant une réévaluation à 3 euros puis à 4 euros en juillet 2018, le compte n’y est pas pour les syndicats.
Contactée, l’agence de communication mandatée par H. Reiner pour répondre aux questions des journalistes, n’était pas en mesure au moment d’écrire ces lignes de nous apporter des explications à ces convocations.
Mohammed BENSABER
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