À Sarcelles, Wassim, 18 ans, n’est pas allé voter aux élections européennes. Mais avec l’arrivée de l’extrême droite aux portes du pouvoir, il se rendra aux urnes et mobilise ses proches. « On veut le bien de ce pays, on a grandi ici. La France nous a fait grandir, elle nous a offert des opportunités qu’on n’aurait pas pu avoir ailleurs », affirme le jeune électeur.

Pour Julie Nadjarian, habitante de Rosny-Sous-Bois, la politisation passe aussi par de banales conversations entre amis. Ainsi, les moins sensibles d’entre eux à la politique vont vers leurs camarades déjà bien convaincues et motivées à aller voter. Au-delà de ça, la montée en puissance de l’extrême droite inquiète et motive ces jeunes électeurs à se déplacer massivement.

Aya et Hajer, élèves au lycée Jean Renoir de Bondy, ont fait leur choix en discutant de politique avec des amis à elles qui s’y intéressent. Et si cette dernière n’a pas pu voter aux élections européennes, en raison de son âge, cela n’a pas empêché de s’informer et d’être plus motivée que jamais à l’arrivée des élections législatives.

Pour elle et comme beaucoup d’autre, la crainte de voir l’extrême droite aux portes du pouvoir a renforcé ce besoin de se mobiliser. Marie-Murielle Edjam n’a pas voté aux élections européennes par manque d’intérêt pour ce scrutin, mais se sent obligé d’aller voter pour faire barrage à l’extrême-droite. « Aller voter, c’est même plus un simple droit en ce moment, mais un devoir pour nous tous », affirme-t-elle.

Ce sentiment s’intensifie aussi au regard des débats quotidiens et des contenus sur les réseaux sociaux qui illustrent les tendances de vote de cette campagne. Et si les jeunes sont réputés pour s’abstenir plus que d’autres, les différents partis politiques se mobilisent sur les réseaux sociaux en multipliant les appels au vote.

Dans cette politisation, importante au regard de ce contexte, d’autres pointent du doigt le rôle de l’Éducation nationale qui n’est pas assez présente dans cette explication de l’usage de ce droit fondamental. Bien que des cours d’enseignement moral et civique soient établis, ces thèmes sont souvent abordés assez vaguement par manque de temps. Une des failles dans la politisation des jeunes banlieusards qui ont tendance à plus s’abstenir qu’ailleurs.

Et si le RN réalise en ce moment les plus grands scores de son histoire, l’électorat “jeune” reste majoritairement ancré à gauche. Au premier tour des élections législatives, chez les 18-24 ans, l’union de la gauche recueille 48 % des suffrages, suivie par le Rassemblement national avec 33 %. Les candidats de la majorité présidentiel recueillent, quant à eux, seulement 9 % des voix de cet électorat.

Hamama Temzi

 

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