La respiration encore haletante après son entraînement de MMA, Adam retrace son arrivée dans la discipline. « J’ai découvert ce sport avec le combat McGregor contre Aldo à l’UFC en 2015. Ensuite, j’ai commencé à m’y intéresser pour finalement lui donner sa chance en septembre 2022. » C’est dans le club de la Fantastik Armada de Chelles, en Seine-et-Marne, spécialisé dans la pratique du MMA, que le jeune athlète de Claye-Souilly trouvera son chemin.

Après seulement deux ans de pratique, le jeune espoir de 17 ans compte déjà un beau palmarès de 4 victoires, toutes par KO, contre 2 défaites. « On a commencé les combats en cage seulement cette année, donc c’est vrai que finir sur du positif ça fait plaisir », raconte-t-il, un sourire aux lèvres et les yeux brillants.

« Le MMA s’est imposé comme un défi que je devais relever »

« J’évoluais en National 3 en basket, mais je trouvais que j’avais fait le tour et je voulais changer de sport. J’ai donc commencé le grappling et c’est mon coach qui m’a ensuite poussé vers le MMA », relate Mattéo, lui aussi tombé amoureux de cette pratique.

Le MMA ou Mix Martial Art, comme son nom l’indique, est une combinaison de plusieurs arts martiaux et disciplines réunis dans un seul sport. Mattéo l’explique, le combattant doit donc être complet, tout en ayant une spécialisation. « Tu ne peux pas te permettre de faire l’impasse quelque part, tu dois être très bon partout et excellent dans un domaine sur lequel tu baseras ta tactique dans la cage », détaille-t-il. Fort de ces conseils, Mattéo a été titré à l’échelle départementale, régionale et nationale en lutte, grappling et jiu-jitsu brésilien.

Un sport de sacrifice

Pour bon nombre d’athlètes, la vie d’un sportif amateur se résume à une succession de privation. Mattéo confie les choix qu’il fait. « Déjà, on perd presque toute vie sociale. On le sait, les sorties avec les amis, les restos avec les parents… tout ça, ça passe en dernier. C’est une hygiène de vie très stricte à avoir si tu veux perdurer sur le long terme », explique-t-il, l’air sérieux.

On en parle que très peu, mais mentalement, c’est dur parce qu’on n’a pas de temps pour nous

Adam y ajoute la dureté que cela implique sur le mental. « Quand tu t’y consacres pleinement, t’as plus beaucoup de temps pour toi. On en parle que très peu, mais mentalement, c’est dur parce qu’on n’a pas de temps pour nous, pour se reposer et se ressourcer. On en h24 en mode MMA et ça pèse sur le mental. Certains finissent par craquer à cause de la pression. »

« Si tu n’as pas un peu d’aide niveau argent, tu ne t’en sors pas »

Autre sujet d’importance, les moyens financiers. Les athlètes amateurs sont régulièrement assujettis à des contraintes financières qui peuvent les brider dans leur quête de titre. Une situation qui inquiète, mais qu’arrive à gérer nos deux sportifs. « Moi, par exemple, je travaille l’été et après, je vis sur ces réserves. Le fait de vivre chez mes parents m’aide vachement. Après l’objectif, c’est de trouver des sponsors pour pouvoir me consacrer complètement à ce que je veux faire », explique Mattéo.

Pour Adam, la question de l’argent n’est pas encore une priorité. « J’ai un travail à mi-temps dans une pizzeria qui me permet d’avoir une petite rentrée d’argent. Après, la question financière, même si je sais qu’un jour, je vais devoir m’y intéresser, ce n’est pas trop dans mes préoccupations. Je n’ai que 17 ans donc ce n’est pas le sujet principal. »

Un sport individuel qui se gagne en équipe

Bien qu’ils soient seuls au moment d’entrer dans la cage, tous deux le reconnaissent aisément, le MMA est un sport de combat individuel qui se fait en équipe. « L’objectif, c’est la ceinture de champion du monde, c’est sûr, mais je sais que je n’y arriverai jamais tout seul. Déjà, il y a la famille, mon frère et mes parents, ils sont derrière moi et ils veulent que je réussisse. Après, il y a aussi les partenaires d’entraînements, on passe entre 3 à 4 heures ensemble à s’entrainer, on se motive les uns les autres, c’est important », souligne-t-il en se changeant pour son 2ᵉ entraînement consécutif.

C’est important de faire progresser le groupe avant l’individu

Pour Nicolas Sieznick, président du club Fantastik Armada et coach sur la partie MMA, il est primordial de faire évoluer le collectif autant que l’individuel. « C’est compliqué de progresser lorsque tous vos partenaires d’entraînements, vous les dominez facilement. C’est pour ça que c’est important de faire progresser le groupe avant l’individu », précise-t-il entre deux consignes d’exercices.

Une équipe qui, selon Adam, est le secret de la réussite. « Même si évidemment mes parents sont mes premiers supporters, je sais que beaucoup de mes victoires sont dues à mes partenaires d’entraînements. On passe nos soirées à combattre ensemble à essayer de combler nos faiblesses et améliorer nos points forts en vue de finir le poing levé une fois le combat terminé. » 

L’évolution du MMA français

Pour Florentin Amorin, professeur de jiu-jitsu à la Fantastik Armada et ancien combattant professionnel de la première génération dans les années 2000, la situation est à l’opposé de ce qu’il a connue. « À l’époque, on devait partir à l’étranger combattre dans des gymnases prêtés par la ville pour pouvoir entrer dans la cage. Aujourd’hui, le sport s’est vachement démocratisé. Il y a des dizaines de clubs de hauts niveaux et plusieurs ligues professionnelles, ce qui laisse beaucoup de choix aux combattants », explique-t-il, le visage marqué de ces combats passés.

Dans le club une fille qui vient d’être titré championne de France de MMA

Le MMA a longtemps été perçu comme un sport réservé aux hommes avides de sang et de brutalité. Une image qui a freiné son acceptation et son développement pour le grand public. « On commence à avoir un public jeune et féminin qui s’essaye au sport et je trouve ça formidable », se réjouit Nicolas Sieznieck. « Évidemment, il y a Adam, 17 ans, qu’on va essayer de faire passer pro d’ici à un an, mais on a aussi dans le club une fille qui vient d’être titré championne de France de MMA à seulement 16 ans, donc ça promet de grandes choses pour la suite », raconte-t-il un œil sur ses athlètes.

Une projection vers l’avenir

Bien loin de se reposer sur leurs victoires passées, nos deux combattants semblent avoir un avenir tout tracé. Mattéo, l’air sûr de lui, raconte : « Déjà pour la saison prochaine, je vise le titre de champion de France FFMMAF (ligue de MMA officiel) avant de passer chez les pros. Je vois ça comme une étape obligatoire. Après, j’aimerais bien aller en Asie afin d’affirmer mon statut de professionnel et ainsi pouvoir représenter la France. »

Avec un bon suivi et une détermination infaillible, rien ne leur sera impossible

Adam est quant à lui loin d’avoir des plans aussi précis. « Je pense faire encore un ou deux ans encore chez les amateurs avant passer chez les professionnelles, histoire de bien concrétiser ma transition chez les adultes. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’à mes 25 ans, je serai déjà à l’UFC, ça s’est une certitude », promet-il, les yeux traduisant son rêve de grandeur. Pour leur coach, ces aspirations n’ont rien de délirant, loin de là. « Les deux ont toutes les qualités pour être champion dans une organisation majeure. Avec un bon suivi et une détermination infaillible, rien ne leur sera impossible. » Alors que le MMA ne cesse de gagner en popularités, ces deux athlètes pourraient donc bien atteindre le haut de l’affiche dans quelques années.

Nour Habert

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