La Haine revient sous la forme d’une comédie musicale où y retrouve Vinz (Alexander Ferrario), Saïd (Samy Belkasem) et enfin Hubert Koundé interprété par le rappeur Alivor. Profitant d’une pause, avant la reprise des représentations parisiennes fin novembre, Alivor, s’est entretenu avec le Bondy Blog. L’occasion pour le Havrais de revenir sur les coulisses du projet, sa préparation ainsi que l’impact du film de Mathieu Kassovitz.  Interview. 

Quels sont les retours dont tu as eu écho à la suite des premières représentations de la comédie musicale ?

Ça a été une grande satisfaction, car le projet était très attendu ! On reprenait un gros classique sous le format d’une comédie musicale. Les retours qu’on a eus vont au-delà de nos attentes. Les gens ont pris une gifle ! On a repris des rôles qui étaient emblématiques et ça pouvait se transformer en fardeau, mais nous avons tous réussi à être à la hauteur.

Comment le jeune rappeur que tu es se retrouve embarqué dans cette folle aventure ?

J’ai longuement hésité avant de m’y engager du fait que ce soit une comédie musicale. C’était difficile de voir où on mettait les pieds. Quand tu viens d’un quartier, tu grandis sans vraiment connaître les comédies musicales, tu n’as pas forcément tous les codes. Je me demandais si le format de comédie musicale n’allait pas dénaturer le projet et le message derrière le film. Parce que ça aurait pu faire un flop !

Je me suis dit que je pouvais faire partie des précurseurs en participant à une comédie musicale hip-hop en France

J’ai d’abord dû me renseigner et j’ai vu qu’aux États-Unis, ils avaient déjà adapté des comédies musicales en version hip-hop, notamment Hamilton. Je me suis dit que je pouvais faire partie des précurseurs en participant à une comédie musicale hip-hop en France.

Grâce à cette expérience ma vision a changé sur plusieurs choses. La danse par exemple, c’est du rap avec le corps. J’ai du retiré plein d’a priori du mec de cité que j’étais et la comédie musicale m’a permis cela.

Le fait que ce soit une reprise de « La Haine » a facilité mon choix. Ça aurait été surement différent si la comédie musicale portait sur un projet peu connu.

Comment as-tu été approché pour le rôle de Hubert ?

J’ai dû passer un casting. La directrice du casting m’a démarché pour le projet et elle m’a convaincu de m’y présenter. Elle me disait : « C’est une superbe opportunité pour toi ! Je te vois parfaitement dans le rôle ». C’est comme ça que j’ai fini par y aller.

Tu montais pour la première fois sur scène en tant que comédien. Comment as-tu abordé l’évènement ?

Je n’étais ni comédien ni danseur, donc disons que je le suis devenu. Mes talents de rappeurs m’ont permis d’avoir le rôle. Je suis quand même sorti de ma zone de confort et ne pas me reposer sur mes acquis. Dès les castings, j’ai fait appel à un comédien de ma ville pour qu’il me coache et que je paraisse crédible aux yeux de Mathieu. J’ai bossé avec les autres comédiens également. On se voyait beaucoup à l’extérieur pour travailler nos textes.

Avant d’intégrer la troupe, quel était ton rapport avec le film de Mathieu Kassovitz et au personnage de Hubert ?

La Haine fait partie d’une madeleine de Proust. C’est la culture ! Quand tu viens d’une cité, ce film fait partie des fondamentaux de la rue. Pouvoir jouer ce rôle, c’est assez symbolique. Hubert dans les vingt-quatre heures du film est à une période de sa vie où il est tiraillé. Il est lassé de sa vie dans la rue. Je suis également passé par là. Ces moments où tu réfléchis et que tu te demandes ce que t’apporte cette vie finalement.

Dans la rue, j’ai pu me retrouver au milieu de situations dramatiques et embarqué dans certaines choses. Je me sentais tiré vers le bas, mais dans le même temps, j’aimais passer du temps au quartier. Je souffrais un peu d’un syndrome de Stockholm : j’aimais quelque chose qui me faisait du mal.

L’un des points culminants de la pièce est ton interprétation du titre « L’4MOUR » écrit par Médine. Tu l’as découvert à quel moment ce morceau ?

Je suis très proche de lui et j’étais un peu dans les coulisses. Il a mis du temps à rendre le morceau, car il prend le temps de bien faire les choses et il les fait surtout avec le cœur. C’est assez fort de pouvoir faire ce morceau sur scène, pour le propos et l’auteur.

Avec cette comédie musicale, je rends hommage à pleins de choses qui m’ont été utiles dans ma vie : de Médine à Hubert Koundé en passant par Kassovitz.

Désormais néo-comédien, aimerais-tu renouveler l’expérience sur les planches ou au cinéma ?

Bien sûr ! Je me considère comme un artiste et pas seulement un rappeur. Si je veux chanter, rapper ou écrire, je le ferai. En tant qu’artiste, il ne faut jamais se fermer aux choses. Du moment que ça me parlera et que je serai en mesure de bien remplir mon rôle, alors je le ferai.

Propos recueillis par Félix Mubenga

Photo © Hélène Pambrun

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