photo de l'équipe du Bondy Blog

Ensemble, faisons résonner la voix des quartiers populaires.

Le Bondy Blog a besoin de vous. Soutenez le média libre qui raconte des histoires qu'on n'entend pas ailleurs.

Je fais un don

Tresses collées, braids, PP, ponytail… Le tout, autour d’une discussion d’une trentaine de minutes. Au Salon est une émission Youtube produite par Jessica Mendy et By Us Media, qui tient à valoriser des talents afro-caribéens, et apprendre à mieux les connaître. « Je trouve que nos histoires sont belles, les thématiques que l’on traite le sont tout autant », se réjouit Jessica Mendy, co-productrice de l’émission. C’est suite à différentes aventures dans des médias qu’elle a le déclic, à 22 ans. « Je ne m’identifiais pas aux contenus. J’ai pris le meilleur de ces expériences, je l’ai appliqué à mes codes et au format que je voulais créer », retrace-t-elle.  

Daring Tia, Flora Coquerel, dernièrement Leys… Au Salon met en lumière des femmes racisées, dans toute leur diversité, mais pas seulement : « On espère avoir d’autres hommes, différents corps de métier aussi. On veut raconter les histoires de tout le monde », affirme Jessica.

Pour imager au mieux l’émission, l’équipe pose le plus souvent ses valises dans le 3e arrondissement de Paris, au salon La Lionne de l’Afrique. « Ce qui est super intéressant c’est que c’est un salon avec une imagerie qui nous convient : les tons sont chauds, il y a des affiches, ce côté vintage que l’on aime », justifie Jessica.

En 2021, Jessica travaille sur la structure de l’émission pendant plusieurs semaines. Pour cela, elle s’appuie sur l’aide de son entourage, de ses ami·es, en passant par sa famille. « C’était important pour moi d’intégrer toutes les personnes que j’apprécie dans le projet, qui ont des skills, qui allaient nous être utiles », explique-t-elle. À commencer par les coiffeurs et coiffeuses.

Valoriser l’invité et les coiffeurs

C’est par le bouche-à-oreille que Grace, alias Hair G, se retrouve impliquée dans le projet. Visibiliser les coiffeurs et coiffeuses, c’est ce qui a poussé Myriam, alias Afrodreamz, quant à elle, à s’engager dans l’émission. « Que ce soit sur des shoots, des événements ou même nos clients, au quotidien on ne nous voit pas forcément. Pouvoir coiffer durant une interview, ça remet notre savoir-faire exposé aux yeux du monde. »

« Chaque personne qui fait partie de l’écosystème, que tu maquilles, que tu cadres, que tu tresses, sera valorisée », garantit Jessica, co-productrice de l’émission. Et pour cause, sur Instagram, Au Salon consacre plusieurs de ses posts aux coiffeurs et coiffeuses. Un moyen de découvrir leur parcours, leur travail, leur spécificité. Mais avant tout, leur personnalité.

Ça éduque aussi les gens sur le cheveu afro.

Mais au-delà d’une simple reconnaissance, pour les professionnels de la beauté afro, participer à ce type d’émission soulève plusieurs enjeux. « Au Salon nous permet de nous rassembler [communauté afro-caribéenne], de collaborer ensemble, à l’avenir, sur d’autres événements. De recréer des liens », se satisfait Myriam, alias Afrodreamz. 

Autre enjeu de taille pour les coiffeurs et coiffeuses : davantage faire respecter leur profession. « On voit que notre travail est souvent volé par la communauté européenne ou les médias. Il est important de de rappeler d’où est-ce que tout cela vient », précise-t-elle. « Ça éduque aussi les gens sur le cheveu afro. On voit tout le processus, comment on le prépare… Je trouve ça super intéressant. »

En juillet 2022, le premier épisode avec en tête d’affiche Mariam N’diaye, plus connue sous le nom de @maywest, est posté sur Youtube. Résultat : plus de 5 000 visionnages.

La coiffure, un moyen de se livrer

Coiffer pour mieux se confier. C’est le dicton qu’adopte naturellement l’émission. Un moment privilégié, propice à la discussion. « Dans les salons de coiffure, tu passes beaucoup de temps avec ta coiffeuse. Forcément, il y a des interactions sociales », raconte Jessica, co-productrice de l’émission.

Le rapport aux cheveux a donc une place capitale dans la structure de l’émission. Un choix loin d’être anodin pour la jeune femme. « C’est important pour la culture afro de parler des difficultés que les femmes ont rencontrées avec leurs cheveux ou des belles choses qu’elles ont pu vivre. C’est une sorte de devoir de mémoire. »

La symbolique du salon

Sur le tournage, des rires se font entendre. Un cadre chaleureux et intimiste qui favorise la confiance avec les invités. « On dirait que l’on est dans un cocon, comme à la maison. Forcément, tu te livres plus facilement. Et ce, malgré la présence des caméras », rapporte Grace, coiffeuse pour l’émission.

Peu importe d’où tu viens, quand tu te rends au salon, tu amènes une part de chez toi.

Et pourquoi le salon ? Pour son ancrage dans la culture afro-caribéenne : « Je pense aux premières vagues d’immigration. Que tu viennes du Congo, du Sénégal, de Côte-d’Ivoire… Peu importe d’où tu viens, quand tu te rends au salon, tu amènes une part de chez toi. Ça fait partie de notre essence, de notre communauté. » Une signification à double sens : « Le mot peut autant faire référence au salon de coiffure qu’au salon familial. Généralement, si tu te fais coiffer chez toi, c’est cette pièce que tu monopolises », complète Jessica. Au salon, comme à la maison.

Coralie Chovino

Photos : @akembe_

 

Articles liés

  • Alivor : « Quand j’interprète Hubert sur scène, je pars de ma propre expérience »

    Depuis le 10 octobre, « La Haine – Jusqu’ici rien n’a changé » la comédie musicale évènement, est en représentation à la Seine Musicale. Librement inspiré du film qui fêtera l’an prochain son trentième anniversaire, la comédie musicale reprend à merveille le propos de son œuvre originale. Rencontre avec le rappeur havrais, Alivor, qui interprète le rôle de Hubert Koundé.

    Par Félix Mubenga
    Le 14/11/2024
  • Le Sistâ global club : une sororité créative sur Paname

    À travers le Sistâ global club, Imân Angèle Kenza Tjamag, originaire de Bobigny, rassemble et fédère pour encourager aux pratiques artistiques et culturelles des femmes que nous n’avons pas l’habitude de voir. Nous l’avons rencontrée.

    Par Farah Birhadiouen
    Le 09/10/2024
  • De Bondy à l’Institut du Monde Arabe, l’itinéraire de Neïla Czermak Ichti

    Peintre, plasticienne, artiste hors norme, Neïla Czermak Ichti n’aime pas définir et être définie. La jeune femme de 28 ans née à Bondy passée par les Beaux-Arts de Marseille aime dessiner des créatures hybrides, sa mère, ses tontons et un peu tout ça en même temps mêlant l’intime à « l’étrange ». Son travail est exposé en ce moment à l’Institut du Monde Arabe dans le cadre de l’exposition « ARABOFUTURS » jusqu’au 27 octobre 2024. Interview.

    Par Dario Nadal
    Le 09/08/2024