C’est une exposition qui se passe dans un centre commercial, celui du Chêne-Pointu, à Clichy-sous-Bois. « MéMOIres », c’est fruit du travail d’une dizaine d’artistes et de tous les habitants qui ont bien voulu se prêter au jeu. L’exposition s’étale sur l’entièreté du centre commercial. 4 espaces sont dédiés à la mémoire de ce quartier ayant fait l’objet d’une rénovation totale. Deux espaces sont clos, visibles de l’extérieur. Le reste est visitable, dans le dojo solidaire et le Taxiphone.
Au Chêne-Pointu, la rénovation a été intense. La transformation du « Bas Clichy » débute en 2015, 10 ans après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré. Un projet de rénovation est lancé dans l’objectif « d’ouvrir le quartier », des immeubles sont détruits, des familles relogées quelques kilomètres plus loin. Les bâtiments sont plus bas, les peintures sont fraîches et les ascenseurs fonctionnent, mais qu’en est-il de l’âme du quartier ? Comment conserver les souvenirs d’un quartier détruit ? Comment s’en construire de nouveaux ?
Pendant cinq ans, ces artistes ont raconté l’histoire de ceux qui pensaient vivre au Chêne-Pointu à jamais, mais également l’histoire de ceux qui y vivent encore, et qui observent leurs souvenirs disparaître. “Une chance qu’ils n’aient pas détruit mon bâtiment, Peut être qu’un jour j’pourrai l’montrer à mes enfants”. Ces mots, ce sont ceux de NOS dans “Chang” (Deux frères, PNL). Si le rappeur par-là de son quartier du 91, il fait référence à une situation transposable à tous les quartiers du monde.
Je voulais montrer comment un quartier peut être un village
Certains artistes exposés sont originaires de Clichy-sous-Bois, d’autres non mais y ont créé un lien évident. Bilel Chikri a grandi au Chêne-Pointu. Réalisateur du court-métrage « Narvalos », projeté dans le cadre de cette exposition, il revient sur la représentation des quartiers populaires : « j’ai fait ce film parce que j’en avais marre qu’on parle de nous à notre place, qu’on utilise nos décors et personnages, j’en ai profité pour montrer comment ça se passe dans mon quartier et les profils avec lesquels j’ai grandi. Je voulais montrer les personnes en difficultés, les marginaux, l’amour, l’émotion, la solidarité. Je voulais montrer comment un quartier peut être un village. » résume-t-il.
C’est un travail de mémoire qui doit rester dans le temps
« C’est une fierté de diffuser mon travail dans mon quartier. J’ai quelque part la reconnaissance du quartier en faisant ça, le projeter à mes amis c’est une fierté énorme. Pour moi, ce quartier représente tout, c’est ma jeunesse, mon centre de formation, mes belles et mauvaises histoires, l’école de ma vie, là où j’ai tout appris. C’est un travail de mémoire qui doit rester dans le temps ». Il ne vous reste justement plus beaucoup de temps pour voir cette expo, allez-y.
Diakoumba DIABY