Lionel Rajaonarivony, 28 ans, est le fondateur de l’événement Ball N The Hood, un tournoi de basket qui rassemblera ce samedi les meilleures équipes d’Île-de-France, qui ont décroché au préalable leur places durant les phases de qualifications quelques semaines auparavant. Au-delà de l’aspect sportif, le tournoi Ball N The Hood porte l’ambition de mettre en valeur les pépites et les acteurs sociaux des quartiers. Il a notamment travaillé pour Impulstar. Il travaille avec des marques comme Adidas, Reebok ou encore Puma. Il a également lancé sa propre association, « Laissez-nous briller.». Interview.

Le sport occupe une place particulière dans les quartiers populaires. On dit même que les sportifs de haut niveau poussent dans le béton. Toi, quelle est ta relation avec le sport ?

J’ai toujours été un gros consommateur et spectateur d’événements sportifs. Je me déplaçais dans beaucoup d’événements y compris au sein des petits tournois que personne ne connaissait.

J’ai eu envie de passer de l’autre côté, avec ceux qui créent et organisent

Après mon stage chez Impulstar et mon engagement bénévole au sein du Quai 54 j’ai eu envie de passer de l’autre côté, avec ceux qui créent et organisent. J’ai commencé par créer un tournoi de basket chez moi dans mon 77 natal. Sur la 4ème édition, j’avais rassemblé 50 équipes, du jamais vu ! J’ai donc décidé d’importer l’événement sur Paris pour rassembler et faire un événement qui nous ressemble.

Pourquoi réunir les quartiers d’Ile de France autour d’un tournoi de basket  ?

Je me suis inspiré de l’événement Impulstar. Je trouvais ça génial de réunir les banlieues sur les terrains parce que la banlieue est remplie de talents. L’objectif était de réunir tous ces jeunes à Paris. On a commencé avec l’Ile-de-France mais on tend à faire grandir l’événement pour aller chercher les talents dans toute la France voire le monde. On est dans l’esprit de la fameuse phrase : « la banlieue influence paname, paname influence le monde ». On veut vraiment mettre en valeur la banlieue à travers ses talents que ce soit à travers les joueurs et joueuses mais aussi au sein du staff de l’événement, des arbitres et même des speakers.

Peux-tu nous décrire le programme du tournoi Ball N The Hood ?

Ce samedi, le public pourra assister aux matchs des 10 équipes masculines et des 8 équipes féminines. A chaque mi-temps, il y aura des shows de danse assurés par Anaelle Mundala et son équipe de jeunes. Durant le tournoi, il y aura aussi un tournoi de un contre un (1v1) et un concours de dunk. La journée se terminera par la finale du tournoi et par un match de gala que j’ai surnommé « The improbable match » durant lequel des créateurs de contenus, des personnes issus de la culture basket et des organisateurs d’événements vont s’affronter. Je ne voulais pas qu’il y ait de concerts durant l’événement mais des artistes viendront quand même pour entrer avec les joueurs et les joueuses sur le terrain et interpréter un son durant 2 minutes pour qu’on mette de l’ambiance avant le match.

Les jeunes joueurs et joueuses vont s’affronter sous le regard attentif de coachs et de recruteurs. Est-il difficile pour des jeunes issus des quartiers populaires de percer dans le milieu du basket ?

Bien sûr qu’il est difficile de trouver un avenir dans le basket quand on vient des quartiers populaires. Ce n’est d’ailleurs pas le seul sport concerné. Au-delà d’être un événement sportif, on voulait que notre événement soit aussi une forme passerelle entre les joueurs et les clubs.

C’est difficile de se faire un chemin quand on n’a pas les contacts dans le milieu dans lequel on souhaite évoluer

On souhaite que les jeunes fassent des rencontres et qu’ils construisent leur réseau. C’est difficile de se faire un chemin quand on n’a pas les contacts dans le milieu dans lequel on souhaite évoluer. On veut les mettre en avant et leur donner la possibilité de percer dans le basket. Après la finale, on souhaite aussi leur donner les vidéos de leurs matchs pour qu’ils puissent constituer leur CV vidéo. Les coachs demandent souvent des highlights des joueurs. On veut que notre événement soit une vitrine pour ces jeunes.

A travers cet événement, tu souhaites impacter socialement par le biais du basket. Peux-tu expliquer ?

Comme je l’expliquais, cet événement n’est pas qu’un simple tournoi. On essaie de développer l’aspect social à travers de multiples initiatives. Personnellement j’ai transmis tout mon savoir théorique et pratique de l’événementiel à des jeunes gratuitement qui seront présents samedi pour nous aider à gérer l’événement.

Si on monte, il faut que les autres montent avec nous

Pour les phases de qualifications, nous avons travaillé avec des associations de quartiers et concernant la journée de samedi, l’association La Mélodie des Quartiers du rappeur Jok’Air sera présente et distribuera des bandes dessinées. Rassembler les acteurs sociaux autour de la vitrine du basketball c’était important aussi pour leur donner de la visibilité. Si on monte, il faut que les autres montent avec nous.

 


Sélim Krouchi

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