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Dans les rues de Bondy, un sentiment d’amertume domine au lendemain des élections européennes et du score historique de l’extrême droite. En Seine-Saint-Denis, c’est la liste menée par l’Insoumise, Manon Aubry, qui est arrivée en tête avec 37,13 % des voix, suivie par Jordan Bardella avec 16,89 %.

Malgré une participation en hausse dans le département (43,33 % de votants, contre 39,41 % en 2019), l’abstention reste la grande gagnante du scrutin européen. « Je pense que les gens n’ont pas fait assez, si j’avais eu l’occasion d’aller voter, j’y serais allé », assure Walid, lycéen de 17 ans.

Je suis vraiment déçue que les gens n’aient pas voté et ça me met vraiment en colère

« Je suis vraiment déçue que les gens n’aient pas voté et ça me met vraiment en colère », abonde Sheir, 58 ans. Elle s’est déplacée aux urnes dimanche.  « Malgré le fait que je sois une personne malade, je me suis levée, je suis sortie de chez moi et je suis partie voter pour les élections européennes », témoigne la Bondynoise. Une démarche qu’elle compte bien réitérer pour les législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet prochains.

Lire aussi. Européennes : « Si les quartiers populaires ne s’étaient pas mobilisés, la situation aurait été bien plus compliquée »

Alors que les derniers bulletins étaient en train d’être dépouillés, Emmanuel Macron a annoncé de la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation d’élections législatives anticipées. Considérant la dynamique qu’a connu le Rassemblement national pour les Européennes, le risque de voir l’extrême droite avec une majorité de députés à l’Assemblée nationale est considérable. Les résultats des législatives pourraient aussi conduire à un gouvernement de cohabitation avec l’extrême droite.

Ce scénario suscite de nombreuses craintes. « Moi, ça ne m’enchante pas de savoir que le RN peut accéder au pouvoir, ça me rend anxieuse en tant que personne racisée », confie Wissal, 17 ans et lycéenne.

Toute cette ambiance me rappelle les ratonnades des skinheads dans les années 80  

Une peur de l’extrême droite qui n’est pas nouvelle. L’extrême droite aux portes a ravivé chez certains des habitants bondynois une plaie encore vive. « Toute cette ambiance me rappelle les ratonnades des skinheads dans les années 80 et c’était vraiment horrible. Quand je rentrais du boulot, je rasais les murs et je marchais rapidement pour ne pas avoir la malchance de les croiser », raconte Fadela, 59 ans.

Dans les années 80, des militants d’extrême droite ont effectivement commis des violences dans la ville, comme en témoignent les archives de l’époque. « Je me souviens qu’ils attendaient devant les écoles dans des camionnettes blanches. C’était effrayant. Il faut que les gens aillent voter d’urgence aux législatives », ajoute sa sœur, Halima.

Les prochaines législatives relèvent d’une importance capitale pour les habitants de Bondy, synonyme d’un dernier espoir pour contrer le Rassemblement national. « Il faudra voter ! Et j’espère que plus de personnes iront voter cette fois », exprime Sheir. À 19 jours de législatives, l’urgence est à la mobilisation.

Sélim Krouchi

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