C’est au MOB hotel de Saint-Ouen, que le rassemblement de la « gauche solidaire et écologiste » en Seine-Saint-Denis a présenté son programme commun pour les départementales de juin prochain. Un lieu aux apparences feutrées, pour annoncer des ambitions communes portées par Stéphane Troussel, candidat à sa réélection pour la présidence du conseil départemental, où il siège depuis 2015.
La Seine-Saint-Denis a besoin de ce rassemblement de la gauche.
Face aux journalistes, comme pour signifier l’union de la gauche locale dans un contexte de crise sociale et sanitaire, six candidats réunis autour de Stéphane Troussel, pour les différents cantons du département : Karim Bouamrane (PS) maire de Saint-Ouen, Nadia Azoug (EELV), Emilie Lecroq (PC), Bélaïde Bedreddine (PC), Oriane Filhol (Parti Générations), et Stéphanie Klebek (Gauche Républicaine et Socialiste).
« La Seine-Saint-Denis a besoin de ce rassemblement de la gauche pour réduire les inégalités, faire en sorte que les transformations du territoires (logements, emplois…) profitent au plus grand nombre des habitants du département. Il faut faire en sorte que le département ait un cadre de vie plus vert », assure Stéphane Troussel, qui compte bien faire de l’écologie une de ses priorités, parmi lesquelles on retrouve aussi : la lutte contre les inégalités, le soutien à la jeunesse, et un meilleur accès aux soins pour les Séquano-Dionysiens, dans une période où la crise sanitaire a touché la population plus qu’ailleurs en France.
Agir pour la jeunesse du département avec un RSA jeunes
La liste portée par Stéphane Troussel souhaite aussi venir en aide aux jeunes précaires du département. « Je suis à la tête du département le plus jeune de France. Il faut mettre le paquet sur la jeunesse en Seine-Saint-Denis. Le pays de ne peut pas mettre une croix sur la jeunesse de la Seine-Saint-Denis », a martelé l’actuel président du Conseil départemental.
Nous voulons apporter à la jeunesse un accompagnement individualisé pour les aider. Le gouvernement ne peut pas rester sourd face à la situation des étudiants.
C’est dans cette optique que le leader de la liste espère pouvoir expérimenter l’élargissement du RSA pour les 18-25 ans de Seine-Saint-Denis. « Nous sommes l’un des rares pays de l’Union européenne qui n’a toujours pas élargi ses minimas sociaux aux 18-25 ans. Nous voulons apporter à la jeunesse un accompagnement individualisé pour les aider. Le gouvernement ne peut pas rester sourd face à la situation des étudiants », a martelé Stéphane Troussel.
En vue des Jeux Olympiques de 2024 organisés à Paris et sa banlieue, le département veut construire un plan de formation et de recrutement pour les jeunes de Seine-Saint-Denis. L’objectif est de recruter 10 000 jeunes Séquano-Dionysiens.
Faire de la Seine-Saint-Denis un département plus écolo avec des emplois plus durables
« La caricature de ‘l’écolo à vélo’ a permis plus de déplacements doux au profit des voitures. On a vu se développer un carrefour hollandais à Pantin ou encore les coronapistes », déclare la candidate Nadia Azoug (EELV). Ainsi la gauche dyonisienne désire aménager les axes routiers afin de privilégier l’usage du vélo en vue du plan 100% cyclable d’ici 2024.
En plus de la favorisation de la circulation à vélo, Nadia Azoug envisage une enveloppe de 25 millions d’euros pour créer un revenu de transition écologique pour des emplois liés à des activités orientées vers l’écologie et le lien social.
Les passoires thermiques, les cours bitumées, ce n’est plus possible dans nos établissements.
Afin de lutter contre le chômage qui s’élève à 12% en Seine-Saint-Denis, la candidate compte bien lier écologie et innovation pour créer des emplois durables et doubler le crédit consacré à l’insertion, c’est-à-dire passer de 25 millions d’euros à 50 millions d’euros par an. « On a 90 000 allocataires du RSA donc on souhaite en faire plus pour l’insertion en Seine-Saint-Denis en installant des agences d’insertion sur le territoire du département », espère Nadia Azoug.
La gauche unie voudrait aussi investir 1 milliard d’euros sur dix ans dans un plan éco-collèges pour développer huit nouveaux collèges et rénover 43 collèges du département. La création des huit nouveaux collèges permettra d’accueillir 7000 nouveaux collégiens au sein du département. « Les passoires thermiques, les cours bitumées, ce n’est plus possible dans nos établissements », s’exclame Stéphane Troussel. Le projet du département vise à réduire 50% des émissions de CO2 des collèges existants, mettre en place pour les nouveaux collèges des bâtiments 100% à énergie positive et des cours végétalisés.
Lutter contre les inégalités et les discriminations
Stéphanie Klebek (Gauche républicaine et socialiste), est revenue sur le fait qu’en Seine-Saint-Denis six habitants sur dix seraient victimes de discriminations. Dans un contexte sociétal marqué par la libération de la parole face au sexisme et aux violences faites aux femmes, d’un éveil de la jeunesse à la problématique des violences policières ces derniers mois, la candidate souhaite créer un Observatoire de l’égalité des droits et des discriminations afin d’agir contre ce phénomène.
Le combat contre la précarité menstruelle qui touche un grand nombre de femmes est aussi l’une des thématiques importantes dans le programme de la gauche. Depuis la rentrée 2020, le département de la Seine-Saint- Denis expérimente d’ailleurs la distribution de protections périodiques dans certains collèges du département. Une initiative que Stéphanie Klebek, compte bien élargir dans plus de collèges, pour le prochain mandat.
Faciliter l’accès aux soins
Oriane Filhol candidate du jeune parti Générations, vise à faciliter l’accès aux soins pour les habitants de la Seine-Saint-Denis. Le département manque de professionnels de santé : au 31 décembre 2020, on comptait 865 médecins, contre 1165 il y a dix ans. Avec les moyens départementaux, la liste compte sur la prévention pour aider la population : avec des bilans de santé systématiques dès l’âge de 6 ans, ou encore un meilleur accès à la mutuelle.
Avec le bus itinérant c’est aller au plus près des habitants pour leur prodiguer des soins.
Au début de la campagne vaccinale, le département avait mis en place un bus d’information et de vaccination pour encourager la population du département à se faire vacciner. « Avec le bus itinérant c’est aller au plus près des habitants pour leur prodiguer des soins » déclare la candidate Oriane Filhol, qui vise à pérenniser ce système pour mieux communiquer et administrer des soins.
Soigner, réparer, et relancer : à quelques semaines du scrutin, la gauche solidaire et écologique donne le ton pour un département aux multiples difficultés sociales et encore plus fragilisé par la crise du Covid-19. Trois mots d’ordre dont pourraient d’ailleurs s’inspirer les leaders de gauche au niveau national…
Emeline Odi