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Le quartier Malakoff de Nantes a des allures de fête, en ce 17 septembre. Après cinq ans de fermeture, la Maison des Haubans est inaugurée pour la seconde fois. De grands moyens ont été déployés pour faire de ce jour, une journée spéciale. Le quartier a été bouclé pour l’occasion et dans les rues, les piétons ont remplacé les voitures. L’entièreté des rues est bordée de fanions en tissus colorés.

À l’intérieur de la maison des Haubans, tout a changé : les murs gris et oranges ont disparu pour laisser place à des couleurs boisées, plus vives et chaleureuses. Un nouvel espace, plus lumineux, plus grand et réaménagé, a ouvert ses portes.

Au programme de cette journée : visite guidée, forum et café associatifs, escalade, projections, concerts et balade en train. Malgré le ciel partiellement gris, l’enthousiasme des habitants communicatif : des cris d’enfant et des rires émanent de-ci de-là. Et pour cause : cette réouverture acte une renaissance pour le quartier.

Une inauguration en signe de renouveau

Il y a 5 ans, dans la nuit du 4 au 5 juillet 2018, le coin droit de la maison des Haubans, lieu de vie du Quartier Malakoff, prenait feu. L’incendie était advenu au cours de la deuxième nuit de révoltes urbaines, suite au décès d’Aboubacar Fofana, dans le quartier du Breil Malville. Le 3 juillet 2018, le jeune homme de 22 ans avait été tué par balle dans son véhicule par un CRS, lors d’un contrôle policier. Sa mort provoquera l’embrasement des quartiers populaires de la ville de Nantes et de sa périphérie durant plusieurs jours.

Ce n’était pas la première fois que le centre socioculturel de Malakoff était pris pour cible. Huit ans plus tôt, en 2010, déjà le bâtiment prenait feu. À l’époque, les habitants du quartier s’étaient retrouvés sans lieu de vie central pendant un an.

C’était un lieu de vie important pour nous, un espace de rencontre pour les habitants

C’est seulement en juin 2011 que le quartier inaugurait à nouveau La maison des Haubans. Mais ce nouveau centre socioculturel n’avait plus grand-chose à voir avec le précédent. La gestion du lieu, confiée jusqu’alors à des associations, était passée aux mains de la ville de Nantes. Une décision qui fait débat encore aujourd’hui. Pour Matthieu par exemple, acteur du quartier depuis les années 2000, ce nouvel espace était « beaucoup plus institutionnel que l’ancien CSC qui a brûlé en 2010 ».

Le cœur associatif de Malakoff

Aujourd’hui, les personnes favorables à cette réouverture partagent le même avis : ce bâtiment est essentiel au quartier. « C’était un lieu de vie important pour nous, un espace de rencontre pour les habitants, on est content de la retrouver », glisse une habitante de Malakoff depuis 10 ans.

« C’est bien que ça rouvre parce que des fois quand on avait besoin d’aide et on ne savait pas où demander », explique-t-elle. Depuis la réouverture, une quinzaine d’associations ont réinvesti les lieux. Et se disent soulagées de retrouver « des locaux dans un espace où toutes les structures sont regroupées ».

C’est notamment le cas de Griselda, directrice de l’espace 16-25 ans, dédié à l’accompagnement des jeunes au sein de l’association l’َAccoord. Pendant trois ans, leurs locaux se sont retrouvés isolés au premier étage d’une tour, dans des appartements. Désormais, l’accueil du public sera facilité.

Mamadou, 23 ans, est de ceux-là. Il a grandi dans le quartier : « J’ai fréquenté les différents espaces en fonction de mon âge, de la ludothèque à l’espace 16-25 ans en passant par l’espace ado ». Quand la maison de quartier a brûlé en 2018, il a ressenti comme un grand vide. « C’était le cœur du quartier par ce qu’on y faisait et par sa localisation près du centre commercial », se remémore-t-il.

Un projet repensé avec les habitants

Pendant trois ans, les décombres de la Maison des Haubans avaient été maladroitement cachés derrière des grilles de chantier. « Quand on passait devant, c’était glauque », nous partage Emmanuelle Kena, créatrice de mode. À force d’attendre une date de réouverture plusieurs fois repoussée, beaucoup avaient d’ailleurs perdu foi en cette reconstruction.

« La Maison des haubans a été repensée avec les habitants, les acteurs et actrices du quartier. Nous avons fait le choix de travaux de rénovation importants avec deux extensions. Cette maison de quartier accueillera plus d’activités et plus de services pour répondre aux besoins des habitantes et des habitants », assure Mahaut Bertu, adjointe chargée de la vie associative de la ville de Nantes.

La réouverture en grande pompe de ce lieu témoigne de l’engouement des habitants autour de cet espace. Les habitants attendent beaucoup de cette renaissance, pour des projets culturels, mais aussi pour donner davantage vie au quartier.

Diakoumba Diaby

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