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En prenant le RER sur Paris, vous avez sûrement dû le croiser en train de déambuler avec son chapeau haut de 20 cm et ses costumes colorés du 18éme siècle. Une belle taille et un grand W en guise de moustache, qui va de la joue droite pour finir à la joue gauche, il ne passe pas inaperçu, Wanda Ludovic-Hermann, communément appelé, le Black Dandy.

C’est quoi pour lui un dandy ? Il me donne la réponse chez lui, à Vigneux-sur-Seine, au milieu des piles de livres et des regards de Martin Luther King, d’Obama et de Charlie Chaplin (en poster bien sûr). Selon lui, le dandy est un personnage élégant et perfectionniste, à l’extérieur tout comme à l’intérieur. Il reflète une philosophie de vie à travers un style vestimentaire particulier, qui demande une grande exigence et beaucoup de soin.

A 30 ans, diplômé de philosophie et de mathématique, Wanda Ludovic-Hermann cultive l’amour de soi et le perfectionnement individuel, comme tout dandy qui se respecte. Mais au delà du souci esthétique, il veut cultiver l’enrichissement intellectuel. Pour enrichir son propre esprit, mais surtout pour transmettre tout ce patrimoine culturel à la prochaine génération. Notamment à celle de la « Sous-France », dit-il  (ou de la Souffrance) qui géographiquement, se situe dans des quartiers à la triste réputation.

Avant d’arriver à cet état d’esprit, il est passé par la case prison. Il y a 8 ans. Son parcours est sombre et bien tumultueux. Une adolescence sur fond de délinquance, de violence, d’agonie sociale et morale. A 22 ans, il est condamné à 9 mois de détention.

La prison fut pour lui une nouvelle porte d’entrée dans la vie. «Elle fût la meilleur expérience de ma vie. Là-bas,  j’ai compris que la première des prisons, c’était la prison  psychologique. J’ai pu découvrir la richesse de la libération à travers les livres, la maîtrise du verbe et du fait, j’ai pu observer toutes les conséquences directes que ça me procurait. C’est tout simple : ma force verbale a remplacé ma force physique. Lorsque je m’exprimais vis-à-vis des surveillants,  par exemple, et bien en retour j’obtenais un véritable respect… j’étais pourtant un taulard ! ».

Depuis la taule, il a évolué. In ne se voit plus comme un Noir uniquement. A présent, il est « Africain-Français ». Ce qui engendre une nouvelle vocation : la promotion de la langue républicaine. En tant qu’ancien « rescapé de la mort sociale », il trouve légitime sa démarche.

Pour cela, il a créé le L.M.I (Langage Minimum Insertion). « Ma seule préoccupation c’est que les jeunes puissent avoir la liberté de parler. La première des prisons, je le répète, c’est la prison mentale. Le seul moyen de s’en échapper c’est la maîtrise des mots. Les études ont montré qu’un jeune de banlieue possède 300 mots de vocabulaire en moyenne. Pour maîtriser juste banalement la langue républicaine, il faut en posséder 1.500. Donc, les jeunes de banlieue ont 5 fois moins de mots que la moyenne nationale!»

Toujours sur sa lancée: « Le L.M.I est un dictionnaire que j’ai écrit et que je compte transmettre, avec des acolytes, à l’oral. Si aujourd’hui, l’Education nationale ne parvient pas à honorer sa fonction première, à savoir éduquer les jeunes, c’est parce qu’elle met exclusivement l’accent sur l’écrit et qu’elle ne se concentre pas assez sur l’oral. Un enfant avant d’apprendre à écrire, il apprend à parler. Un jeune de banlieue en détresse, à quel moment lui parle t-on français? Chez lui, il parle soit l’arabe, le soninké ou le bambara. Dans la rue, il parle le verlan. A l’école, il ne parle pas, il écoute juste le professeur. Le jour où il se confronte à un juge, un patron pour un entretien d’embauche ou même à une administration comme la poste, il se sent ridicule, plus bas que terre. Car il comprend qu’il est bloqué, que les mots ne viennent pas ».

Le L.M.I comporte plusieurs exercices, dont un de diction. Il compte l’expérimenter pour la première fois dans quelques semaines au collège Paul Eluard. Le collège de son enfance…

Prosith Kong

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