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En tête de cortège, des tambours battants et une femme, bonnet vissé sur la tête et mégaphone à la main : « Régularisation pour tous les sans-papiers ! » Ce vendredi 22 décembre, la place de République se remplit et les manifestants se tiennent prêts. « Cette loi a été votée, mais nous n’allons pas baisser les bras », promet Mariame qui a été régularisée il y a quelques années. Pourtant, elle continue le combat, aujourd’hui plus que jamais. Mardi soir, le Parlement a adopté la loi Immigration après qu’elle a été durcie en commission mixte paritaire.

« Une victoire idéologique », s’est empressée de saluer Marine Le Pen. Ce texte que l’exécutif et le président de la République peinent à assumer consacre la préférence nationale si chère à l’extrême-droite. Les associations de solidarité s’alarment des conséquences pour une population déjà fragilisée. La nouvelle loi va mettre en péril des besoins élémentaires tels que ceux de se loger et de se nourrir.

« Pour moi, c’est une loi raciste », tranche Mariame. Désormais à la retraite, elle a exercé le dur métier d’aide à domicile et bataille aujourd’hui avec une retraite rachitique. « On exerce tous les sales boulots », proteste-t-elle, tout en rappelant le rôle des travailleurs étrangers durant la crise sanitaire. « C’est nous qui étions en première ligne. » 

Cette loi va aggraver la situation avec les patrons qui abusent de ta situation parce que tu n’as pas de papiers 

Si la loi Immigration est dans les débats depuis des mois, son adoption reste « un choc » pour Yoro Traoré de la Coordination des sans-papiers de Paris (CSP75). Le texte présenté par le gouvernement contenait déjà des mesures inacceptables pour lui, comme le titre de séjour pour les métiers en tension qui maintenait « un danger d’expulsion » malgré ses faux-semblants. « Cette loi va aggraver la situation avec les patrons qui abusent de ta situation parce que tu n’as pas de papiers », prédit-il.

Plus loin dans le cortège, des professeurs tiennent une banderole où il est inscrit : « Aucun élève n’est étranger ni à Voltaire ni sur terre ». Camille, enseignante, raconte l’avoir déroulée devant son établissement. « Certains élèves étaient touchés », précise-t-elle. Et malgré les fêtes de fin d’années et le risque que la mobilisation ne prenne pas, elle assure :  « On ne baisse pas la tête, on va continuer à lutter ».

« Faire pression contre la promulgation de cette loi »

En chemin vers la place du Châtelet, la manifestation qui a démarré à 16 heures se remplume au fil de la marche. Écharpe tricolore en bandoulière, le député LFI de Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel rejoint le rang. « La bataille continue, il faut faire pression contre la promulgation de cette loi. Plus la pression sera forte, plus ce sera utile », prophétise-t-il.  

Pour l’heure, seul le ministre de la Santé a démissionné, mais le passage de cette loi risque de laisse des traces, si ce n’est de provoquer une crise de régime. Pour l’élu de la France insoumise, on assiste « un moment de bascule ». « Les macronistes ont perdu la prochaine élection, ils ne sont plus le rempart contre l’extrême-droite », affirme-t-il, tout en soulignant la responsabilité de la gauche.

Comment continuer le combat ?

À gauche justement, certaines actions ont vu le jour comme le refus, par les départements de gauche, d’appliquer les nouvelles conditions fixées sur le versement de l’allocation personnalisée d’autonomie. La numéro un de la CGT, Sophie Binet, a, elle, appelé à « la désobéissance civile » et à la « multiplication des résistances ». Près d’une cinquantaine de syndicats et associations appellent d’ores et déjà à la mobilisation le 11 janvier.

« Je pense qu’il faut passer à l’étape supérieure et qu’il faut des grèves massives », renchérit Olivier du Collectif pour l’avenir des foyers de travailleurs migrants (Copaf). Ce jeune militant se console en voyant le cortège relativement fourni d’une manifestation appelée à la dernière minute un soir d’hiver. « Il y a un sursaut qui fait plaisir à voir et ce serait bien qu’il aille plus loin », espère-t-il, malgré des craintes que la contestation ne s’essouffle après les fêtes de fin d’années. Plus loin, des manifestants se réchauffent en dansant au rythme du tambour. Mariame est toujours là.

Héléna Berkaoui

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