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Ce samedi 8 juillet, au moins 2 000 personnes ont bravé l’interdiction préfectorale pour rejoindre la marche en mémoire d’Adama. Sur la place de la République, une heure avant le début du rassemblement, l’ambiance est déjà électrique.

« Ils ont déployé un arsenal de guerre ! Depuis deux jours, il y a des hélicoptères à Beaumont-sur-Oise (…) avec la complicité de la SNCF, ils ont bloqué les trains », affirme Assa Traoré lors d’une conférence de presse improvisée. Traditionnellement, la marche en la mémoire d’Adama se tient à Persan et Beaumont-sur-Oise.

Mais la préfecture du Val d’Oise a annoncé l’interdiction de cette marche. En réaction, Assa Traoré a délocalisé le rassemblement, indiquant qu’elle serait présente à 15 heures sur la place de la République. Cette fois, c’est le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qui a signé l’arrêté d’interdiction d’un « rassemblement non déclaré présentant des risques de troubles à l’ordre public ». Le préfet a également évoqué le « contexte tendu » de ces dernières nuits, suite à la mort de Nahel.

Un des frères d’Adama Traoré interpellé

Au cours du rassemblement, le frère d’Adama Traoré, Youssouf Traoré a été violemment interpelé par les forces de l’ordre. Plusieurs vidéos prises par des journalistes sur place montrent l’interpellation et le plaquage ventral exécuté sur lui. D’après le journaliste et militant, Taha Bouhafs, le frère d’Adama Traoré est sorti du commissariat du 5ᵉ (Paris) pour être transféré dans un hôpital. En juillet 2016, Adama Traoré mourrait suite à une interpellation durant laquelle les gendarmes avaient effectué un plaquage ventral.

Samir Elyes, un autre membre du comité Adama, a, lui aussi, été arrêté et conduit vers un commissariat. Les journalistes qui ont filmé l’interpellation ont été bousculés par les forces de l’ordre. « J’ai fini au sol, sans comprendre ce qu’il se passait (…) alors que l’on était plusieurs journalistes identifiables », déplore Clément Lanot, journaliste indépendant bien habitué aux manifestations.

Nous sommes des familles de victimes de violences policières, mais nous ne serons jamais les victimes de l’État

En dépit de l’arrêté préfectoral, ils sont nombreux à avoir convergé place de la République ce samedi. « Nous sommes des familles de victimes de violences policières, mais nous ne serons jamais les victimes de l’État », a déclaré Assa Traoré. Cette dernière ferait désormais l’objet d’une procédure judiciaire pour « organisation d’une manifestation non déclarée » lancée par la préfecture contre « l’organisatrice ». Le communiqué de la préfecture de police Paris ne la cite pas nommément.

« Une atteinte au mouvement des quartiers populaires »

Aux côtés du comité Adama, plusieurs députés de la France insoumise étaient présents. Parmi eux, le député de Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel. « Macron avait promis 100 jours d’apaisement. À force d’interdictions de manifester, (…) la France est maintenant au ban des démocraties », a-t-il commenté. Pour Louis Boyard, député du Val-de-Marne, cette interdiction représente « une atteinte au mouvement des quartiers populaires ». 

Clélia, mère de famille de 36 ans, est venue spécialement de Melun : « J’ai un fils de 16 ans. Et j’ai peur pour lui quand il sort à cause de la police. » La manifestation a été dispersée très rapidement, des verbalisations ont été constatées par plusieurs médias sur place.

Nadhuir Mohamady et Hadrien Akanati-Urbanet

Crédit photo : Marie-Mène Mekaoui

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