Il aura fallu ainsi une dizaine de rendez-vous, avec parfois des discussions houleuses, pour que les rencontres entre les représentants des salariés et la direction puissent enfin accoucher d’un accord de sortie de crise. En effet, depuis le 2 novembre dernier, une centaine d’agents de nettoyage étaient en grève pour revendiquer de meilleures conditions de travail.
Une victoire historique pour les grévistes
L’accord signé par les syndicats et la direction du groupe Onet valide donc les principaux points du cahier de revendications des grévistes : une prime repas d’un montant de 4 euros contre 1,90 euros aujourd’hui pour tous les salariés faisant au moins 5 heures de travail par jour, au prorata du temps travaillé pour ceux qui comptabilisent moins d’heures ; la suppression de tous les contrats des agents de nettoyage de la clause mobilité les contraignant à se déplacer de gare en gare, les agents resteront des agents fixes comme ils le demandaient; le rattachement des agents de nettoyage à la convention collective manutention ferroviaire dès février 2018.
Ils ont également obtenu l’étalement des jours de grève de novembre dans le temps afin de ne pas être trop pénalisés financièrement et une prime de remise en état des gares touchées par la grève représentant 50 % de leur salaire.
Sur l’ensemble des revendications portées par les grévistes, seule l’augmentation de la prime de vacances n’a pas été obtenue.
Chaque gréviste devrait également recevoir dès demain un chèque de 700 euros issu de la caisse de solidarité qui s’élève au dernier décompte à un peu plus de 70 000 euros.
« Je suis fière de nous tous »
À la gare de Saint-Denis où les grévistes se donnent rendez-vous depuis le début du mouvement, c’est la joie et le sentiment de fierté qui dominent. Fernande, gréviste de la première heure mime le V de la victoire. « Je suis fière de nous tous, fière d’avoir tenu si longtemps pour défendre nos droits, fière d’avoir tenu face à la SNCF ».
« C’est une victoire à mettre au nom de tous ces salariés qui ne cessaient de revendiquer qu’une seule chose à savoir une amélioration nette de leurs conditions de travail. C’est un accord gagnant pour tous. Maintenant, il est temps de savourer ! », réagit Norredine Toumi, secrétaire général FO des personnels de nettoyage des trains et gares d’Ile-de-France, partie prenante des négociations.
Abby, la cinquantaine, salariée depuis 22 ans, dit « être fière de cette victoire ». « Nous avons défendu notre dignité. Cet accord, c’est une victoire pour notre dignité d’agents de nettoyage. Nous avons défendu nos conditions de travail. Nous avons créé des liens entre salariés. Souvent, nous ne connaissions pas car travaillons dans des gares différentes. Nous sortons de ce conflit la tête haute ».
Anasse Kazib, secrétaire adjoint du syndicat Sud Rail de Paris-Nord estime que cette grève a été « une victoire, un combat exemplaire. Ils ont gagné à travers le rapport de force : ils ont montré à tout le monde que sans eux, Onet ne pouvait pas fonctionner. Ils ont gagné le respect d’énormément de monde.
« La remise en état des gares concernées est la priorité pour les prochains jours »
Dans un communiqué, la société H. Reinier, filiale du groupe Onet, afffirme que « l’accord satisfait un grand nombre des revendications formulées par les salariés grévistes et améliore les conditions de travail ». Elle précise regretter « la gêne et les désagréments occasionnés pour tous les voyageurs du Transilien au cours de ces dernières semaines. Elle tient à assurer à son client SNCF et aux usagers que la remise en état des gares concernées est sa priorité pour les prochains jours ».
Une assemblée générale doit avoir lieu ce samedi à 11h pour présenter le détail de l’accord signé. Pour fêter ce qu’ils appellent « leur victoire », les grévistes et leurs soutiens prévoient à partir de 14 heures au théâtre de la belle étoile à Saint Denis. Certains reprendront le travail dès demain matin tôt, la grande majorité dès lundi. Ce vendredi, certains regrettaient déjà la fin de la grève. « Toute cette solidarité va me manquer », s’écrie Fernande avant de quitter le QG de Saint-Denis. Demain, elle a rendez-vous dès 7h30 à la gare d’Ermont-Eaubonne pour reprendre le travail.
Mohammed BENSABER avec Nassira EL MOADDEM
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