Il y a quelques jours, le ministre démissionnaire de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, fustigeait « notre modèle social » devant les députés. Une sortie qui fait grincer les dents lorsque l’on se penche sur le 18ᵉ baromètre de la pauvreté et de la précarité réalisée par l’Ipsos pour le Secours populaire français. Une étude qui fait état d’une précarité qui s’aggrave, s’étend et où l’accès à l’énergie, à la prévention et aux soins est fortement dégradé.
L’enquête de l’Ipsos, qui s’appuie sur un échantillon de près de 1 000 personnes, insiste sur la situation des personnes résidant en zone rurales et sur certaines catégories professionnelles : les ouvriers et les employés.
Ainsi, 62 % des Français déclarent avoir connu la pauvreté ou avoir été sur le point de la connaître. Un chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2023. Un pourcentage qui se creuse chez les ouvriers. 80 % d’entre eux déclarent « avoir connu la pauvreté ou avoir été sur le point de la connaître », un niveau en progression de 6 points en un an.
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Autre indicateur, les répondants fixent le « seuil de pauvreté subjectif » à 1 396 euros par mois et par personne. Au cours des précédentes études, ce seuil n’avait jamais été porté aussi haut par les personnes interrogées. Elles le placent pour la première fois à 2 euros du SMIC (1 398 euros nets pour un mois travaillé à temps plein).
Un Français sur trois est contraint « parfois ou régulièrement » de ne pas faire trois repas par jour
L’année 2024 marque aussi une dégradation sur de nombreux postes budgétaires essentiels tels que l’énergie, le logement ou l’accès à une mutuelle santé : jamais les difficultés enregistrées sur ces postes n’ont été aussi élevées.
Ainsi, 43 % des personnes interrogées ne chauffent pas leur logement lorsqu’il fait froid. 38 % rencontrent des difficultés à payer leur loyer ou leur emprunt immobilier (+4 points). Un Français sur trois (32 %) est toujours contraint « parfois ou régulièrement » de ne pas faire trois repas par jour.
Héléna Berkaoui