A chaque touche de balle, ils crient. Dès que leur héros s’approche de la surface adverse, c’est l’extase ! Le public se lève et brandit les drapeaux tricolores. La ville de Bondy n’a d’yeux que pour son Kylian Mbappé. La mairie a installé deux écrans géants pour regarder la demi-finale face à la Belgique, un à l’Hôtel de ville, l’autre au Palais des Sports. Dans ce dernier, ils étaient plus d’une centaine rassemblés, assis dans les tribunes ou debout tout excités, à attendre l’exploit de leur voisin, camarade ou ancien coéquipier.
Mbappé, c’est notre fils !
Aux premiers rangs, Fatiha et Fatima, Bondynoises de 54 et 57 ans, sont venues entre amies. « Mbappé c’est notre fils ! », clament-elles, en choeur ! « On l’a tous vu grandir, jouer au stade Léo Lagrange le week-end avec nos enfants. On n’y connait rien au football mais on n’imaginait pas qu’il deviendrait aussi fort ! », ajoute Fatiha. Au même moment, le joueur de 19 ans apparaît à l’écran, en gros plan, sous les applaudissements de la salle. Il y a quelques années on pouvait encore le croiser au city stade ou sur le terrain de l’AS Bondy. Maintenant, il porte le numéro 10 des Bleus et dribble un Diable rouge. Dans les gradins derrière lui, un drapeau algérien. « C’est sûr c’est pour Kylian, pour qui d’autres hein ? » L’enfant prodige bondynois est algérien par sa mère.
« Ce pays a besoin d’une Coupe du Monde ! »
A quelques rangs au dessus d’elles, Yacine, 13 ans, est venu avec sa bande de potes. « Je suis là pour Mbappé ! Moi aussi je joue au foot, je suis attaquant et je veux devenir pro. Kylian m’a montré qu’on pouvait le faire ! » Redonner aux Bondynois le droit de rêver : voilà ce qu’a permis l’ascension de « Kiki », comme le surnom Didier Deschamps. Un droit que réclame, Fadoua, 32 ans pour la nouvelle génération. Elle est venue assistée au match avec son mari et son fils de trois ans. « Ce pays a besoin d’une Coupe du monde. Ça apporte une cohésion, ça fédère ! Tout le monde est dans un bon état d’esprit après ». La France Black Blanc Beur de 1998 par exemple. La ferveur dans les rues, les câlins, les klaxons. Pour Marc, 70 ans, il n’y a pas de doutes : 2018 sera le nouveau 1998 ! « Le chiffre 8, c’est lui qui va nous faire gagner. Mbappé porte le numéro 10. 10+8… Voilà vous avez l’année de notre victoire ».
Ferveur pour Mbappé et … Benzema
Un autre ancien numéro 10 était à l’honneur à Bondy hier soir, le Lyonnais Benzema. À la 31 ème minute, Pavard tire un coup franc, Giroud reprend de la tête le ballon mais l’envoie un peu trop à gauche de la cage belge. Le public du Palais des Sports le hue et scande « Benzema ». Le numéro 9 français aura le droit à ses applaudissements bondynois bien plus tard, quand il sortira du terrain à la 85ème minute, accompagné de nouveau par des « Benzema ! ».
Si les Bondynois attendaient un but de Mbappé, la victoire hier soir est venue de la tête d’Umtiti à la 51ème minute. Ce qui ne les a pas empêchés de se lever et de courir dans tous les sens en chantant « Pooo popopopopopo ! ». Parmi eux, Dylan, 23 ans, toujours admiratif de son ancien coéquipier. « Kylian représente les jeunes de quartiers, la preuve qu’on peut venir d’un endroit difficile et réussir. C’est un exemple de maturité aussi ».Une réussite que Mbappé tentera de graver dans l’histoire dimanche en devenant champion du monde. Les Bondynois, eux, se sont déjà donnés rendez-vous. Même endroit !
Nesrine SLAOUI