Bondy Talks a réuni plusieurs intervenants autour du thème : la ville de demain. Sont intervenus : Valerio Vincenzo, Chantal Dardelet et Ramdane Touhami. Le Bondy Blog sera diffusé sur France Ô dans le cadre de la carte blanche en septembre prochain.
La salle dédiée au Bondy Talks s’est muée en bas d’immeuble. Des barres sont projetées sur les murs, donnant l’impression au public d’être en banlieue, au pied des tours. Souvent dans les quartiers c’est le lieu où se développe la vie sociale. Soudain, une interruption. Nordine Nabili animateur d’un jour s’interrompt. Un policier entre pour procéder à un contrôle d’identité. « Vous n’avez pas le droit d’être là, vous faites trop de bruit ! » gronde le comédien Fatsah Bouyahmed, à l’origine de la performance.
Nordine reprend le déroulé de ces Bondy Talks, qu’il veut différents « des tables rondes qui s’appellent comme ça car elles tournent en rond. » Ici pas de table donc, mais pas de chaises non plus les auditeurs sont assis pour la plupart par terre ou sur des poufs en cuir noir. Les intervenants se succèdent, chacun décline une thématique autour de la banlieue, debout durant le quart d’heure alloué. C’est un photographe italien, Valerio Vincenzo qui commence.
Venu s’installer à Paris en 1995, ce n’est qu’en 2011 qu’il a décidé de parcourir les banlieues pour un livre. Une idée qu’il a fallu vendre aux éditeurs comme un voyage dans le grand Paris plutôt qu’en banlieue, moins anxiogène. Il en est convaincu aujourd’hui’hui la banlieue n’existe pas. D’ailleurs dans sa langue maternelle est difficile à traduire. Durant son périple raconte-t-il il a rencontré des archéologues, des jeunes, des agriculteurs. « J’ai vu des gens heureux« . D’où son invitation à « faire chauffer son Pass Navigo« . Pour introduire le talker suivant Nordine Nabili évoque la hiérarchisation qui est faite entre banlieues et monde rural. Ramdane Touhami, est issu de ce dernier et se présente comme un « Arabe des champs« .
Son intervention est baptisée volontairement de manière pompeuse : « Solidarité spatiale urbano rurale » Il raconte son parcours, dit avoir vécu dans plusieurs grandes villes, Tokyo ou New York dans lesquelles il n’y a pas de banlieues. Il est donc convaincu de la nécessité de décloisonner l’espace et appelle à un « exode urbain« .
« La France est une armoire Ikea avec pleins de tiroirs » enchaîne Nordine Nabili. Et chaque personne est assignée à un tiroir. Difficile d’en sortir. Malika Aboubeker, militante associative dans le monde de la culture elle entend prouver le contraire. Née à Amiens, la petite fille qui dansait sur Dalida devant sa télé a été contrariée dans ses ambitions artistiques par sa mère. Malgré tout au fil des rencontres, elle a pu s’impliquer dans la culture et développer des projets, « hors les murs« . Toujours avec cette idée de décloisonner. La jeune femme fait l’éloge de la culture underground. Pour donner plus de poids à son action, elle vient de créer une association.
Chantal Dardelet travaille pour l’Essec où elle exerce dit-elle le plus beau métier du monde « détecteur de talents« . L’idée est de se rendre dans les banlieues pour expliquer aux plus fragiles qu’une grande école n’est pas un rêve inaccessible. Elle attribue aux jeunes des tuteurs, permettant ainsi d’échanger ou d’effectuer des visites culturelles. il s’agit de donner confiance par ce biais à ces jeunes souvent découragés et de « ne pas de priver de talents« . Chantal Dardelet insiste « Même le plus trublion de la classe doit s’entendre dire qu’il peut réussir. En banlieue les jeunes sont comme le diesel, plus lents à démarrer mais quand ça part ça va très loin!« .
Faiza Zerouala
Crédit photo : Valerio Vincenzo