« Ce qui m’a enfoncée dans le silence, c’est que je savais que le fait d’en parler provoquerait des réactions attribuant son comportement à son origine et à sa religion, qui est aussi la mienne. » Ce témoignage est celui d’une femme musulmane victime de violences sexistes et sexuelles. L’association Lallab a recueilli plusieurs témoignages de femmes musulmanes ayant subi des violences au sein de leurs propres communautés : familiales, religieuses ou militantes.
Pour le Muslim women’s day, Lallab lance une campagne contre les violences intra-communautaires. « Il y a une omerta sur l’impact de l’islamophobie sur les violences sexistes et sexuelles », observe Fatima Bent, co-présidente de Lallab. Cette dernière pointe « la double peine » à laquelle font face les femmes musulmanes victimes de violences sexistes et sexuelles. La libération de la parole trouve ici un obstacle par crainte « de récupération de notre parole pour asseoir un discours raciste, islamophobe », développe Fatima Bent.
Si cette crainte découle d’expériences réelles, elle peut aussi être instrumentalisée pour faire taire les victimes de violences au prétexte que certaines luttes prévalent sur d’autres. « Les violences sexistes et sexuelles que les femmes musulmanes subissent sont un problème politique et social. Ce sont des violences systémiques, au même titre que les violences racistes et islamophobes », insistent les membres de Lallab.
Depuis le 24 mars, l’association diffuse sur ces réseaux les témoignages de femmes musulmanes mettant en lumière ces injonctions au silence, mais aussi le mauvais traitement que ces femmes peuvent subir lorsqu’elles tournent vers la justice. La diffusion de ces témoignages a nécessairement pour objectif de visibiliser les vécus des femmes musulmanes. Mais aussi d’engager une réflexion et de développer « une réponse solidaire (….) afin de pouvoir nous organiser, proposer des solutions, briser ces cycles de violences et créer nos propres voies d’émancipation ».