Alors que vient d’être retrouvé le huitième corps dans les décombres de l’immeuble de l’avenue Jean Jaurès à Rosny-sous-Bois (93), l’heure est au recueillement et au soutien.
Aux alentours de 7h30, ce dimanche 31 août, une explosion retentit à Rosny-sous-Bois. Un immeuble de 4 étages s’effondre, 33 avenue Jean Jaurès, proche de la gare RER de Rosny-Sous-Bois. Le bâtiment ensevelit ses habitants, endormis, sous les décombres. Michel, la cinquantaine, raconte : « Au début, j’ai cru que ça venait de chez moi, ça avait explosé toutes mes fenêtres ». Habitant à quelques mètres du lieu de la catastrophe, il dit être sorti une poignée de minutes après l’explosion.
« Il y avait déjà une trentaine de personnes qui enlevaient les gravats, sortaient les personnes ensevelies… Le premier cadavre [celui d’un enfant de 12 ans] a même été sorti par des civils ». Il poursuit, les larmes aux yeux « je me rappelle d’une femme, habillée en rose, au bord du précipice, qui criait que son fils était sous les décombres, on avait peur qu’elle saute (…) c’était une scène de guerre ». Sur les réseaux sociaux, un homme dira avoir entendu la détonation jusque dans le quartier du Pré Gentil, à 2 kilomètre du lieu de l’incident.
Les secours sont arrivés sur place une dizaine de minutes après la catastrophe, relayant les habitants du quartier qui étaient à pied d’œuvre, afin d’aider les personnes sous les décombres. Peu de temps après, les forces de sécurité ont bouclé le quartier. Seuls quelques curieux se massent au fond du quai de la gare pour observer les fouilles.
Les témoignages et l’explosion font penser à une fuite de gaz. Ce que le maire de Rosny-sous-Bois (Claude Capillon) déclarera d’ailleurs le lendemain. Si certains évoquent des travaux en cours proches du lieu de l’incident, pouvant provoquer une fuite de gaz, un couple, Jérôme et Martine, affirment : « On est passé devant le bâtiment une dizaine de minutes avant l’explosion et, à l’extérieur du moins, ça ne sentait pas le gaz ».
Le dernier corps fut extrait le lendemain, vers 16h. Le bilan est lourd : 8 morts, 4 personnes dont le pronostic vital est à l’heure actuelle encore engagé, une dizaine de blessés et 52 personnes ayant perdu leur domicile. Par ailleurs, le reste de l’immeuble, mesurant une dizaine de mètres de haut, menace encore aujourd’hui de s’effondrer. Lundi matin, une chapelle ardente était ouverte dans le gymnase Gabriel-Thibault, où étaient alignés les sept cercueils (le dernier corps ayant été retrouvé dans l’après-midi).
Un élan de solidarité extraordinaire
Toute la journée, les messages de soutien ont inondé la page Facebook de la ville de Rosny-sous-Bois. Certains rosnéens proposent même leurs bras afin d’aider les secours à enlever les décombres. A peine quelques heures après le drame, une récolte de don est organisée dans une salle de la mairie. Une vingtaine de bénévoles sont présents dans la salle pour ranger et trier les dons. « Si on compte tous les roulements, ils sont près d’une centaine » indique Romain Da Costa, le directeur de la communication de la ville de Rosny. A l’extérieur, des journalistes de BFM TV filment les personnes venues faire des dons pour les sinistrés.
« Des gens de toutes les communes alentours sont venues apporter des vivres pour les victimes » poursuit le directeur de la communication municipale. Les grandes enseignes ont aussi tenu à faire un geste pour les victimes : Carrefour devrait donner des fournitures scolaires pour les enfants, Super U a fourni des repas pour les pompiers,…. A tel point qu’en milieu d’après-midi, le lundi, la récolte de dons et de meubles a été stoppée « On en avait trop. Mais on a mis une urne à l’entrée de la mairie, à côté du registre des condoléances, pour recevoir les dons en liquide ou en chèques destinés aux familles » indique M. Da Costa.
D’après la mairie, toutes les personnes sinistrées ont pu être relogées par la ville ou par des amis dans la journée même. Les commerçants du quartier sont aussi venus en soutien aux victimes. C’est le cas d’Halima, gérante d’une auto-école « J’ai proposé à la mairie une chambre pour héberger quelqu’un, mais ils ne m’ont pas encore rappelé ». Cet élan de solidarité est tel qu’un membre du conseil municipal m’affirmera que toutes les personnes ont pu être relogées à Rosny. « On a eu plus de propositions d’hébergement que de familles à héberger ! » souligne M. Da Costa.
L’équipe municipale affirme qu’une cellule psychologique est ouverte dans la plupart des écoles de la ville. Que si les enfants qui habitaient dans l’immeuble effondré le souhaitaient, ils seraient encadrés pour pouvoir reprendre le chemin de l’école le jour de la rentrée. Néanmoins, cet évènement laissera des séquelles. Si pour la majeure partie de la population, les victimes de l’avenue Jean Jaurès n’étaient que des chiffres, pour d’autres, c’étaient des fils, des mères, des voisins, des camarades de classe, des élèves…
Tom Lanneau