Le 7 janvier, la préfecture de Seine-Saint-Denis déclenchait le plan grand froid de niveau 1, avec des prévisions de températures allant jusqu’à moins 10 degrés en ressenti.

Dans les faits, seuls quelques lieux ont été ouverts au niveau départemental, 25 places à Montreuil, 15 à Saint-Ouen, 40 à Gagny et quelques autres à Clichy-sous-Bois. Largement insuffisant à l’échelle du département.

À la Courneuve, la mairie a décidé d’ouvrir de sa propre initiative le gymnase Jean-Guimier en proposant un accueil inconditionnel et sans limite de place dès le 8 janvier. Ils étaient 18 le lundi soir, 91 le lendemain et plus d’une centaine ce jeudi soir. Au vu des températures, l’initiative a été prolongée au moins jusqu’à ce vendredi soir et le sera possiblement ce weekend.

Un “succès” qui repose essentiellement sur la mobilisation d’associatifs et d’agents municipaux venus prêter main forte bénévolement. Aussi, des personnes sont venues faire des dons grâce à une information largement relayée sur les réseaux sociaux par des anonymes ou des célébrités comme le rappeur Tiakola, originaire de la cité voisine des 4000.

Jeudi, une impressionnante chaîne de solidarité mêlant associatifs et habitants s’est mise en place.

 

Marie, 23 ans, agente d’escale à Roissy, est venue de Sevran avec sa mère, elles ont cuisiné du riz à la crème.

À l’entrée du gymnase, Driss, le gardien, s’affaire. En plus d’orienter les arrivants, il fait entrer les voitures venues déposer les dons des associations et de particuliers qui arrivent quasiment sans discontinuer.

Une camionnette est arrivée sur le parking du gymnase, des jeunes en sortent de nombreux packs d’eau, une denrée qui manquait cruellement. Ils font partie de l’association Le coeur sur la main à Tremblay en Seine-Saint-Denis.

Des couvertures à destinations des personnes mises à l’abri sont, elles, amenées par un commerçant de la ville.

À l’entrée du gymnase, Sharon et Yacine, 22 ans tous les deux et bénévoles au FFSS (fédération française de sauvetage et de secourisme) accueillent les arrivants.

Juste avant le début de la distribution du repas, Wissal responsable du CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de la Courneuve réunie l’équipe présente ce soir et donne les instructions. Tous travaillent régulièrement ensemble et ont pu organiser cette ouverture très rapidement.

Mohamed, 28 ans, dort ici ce soir pou la première fois, il a appelé le 115, mais n’a pas eu de réponse. Le service est submergé et priorise les familles, il dormait jusque-là dans le secteur de la gare Montparnasse. Mohamed a entendu parler du dispositif via un ami qui lui a transmis l’information qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux.

Face à Mohamed, Karl, 38 ans, à la rue depuis trois mois, a été informé de l’initiative de la Courneuve par un collègue. Il est technicien informatique et travaille dans le 13ᵉ arrondissement. Il a tenté d’appeler le 115, mais à 9 heures, le service était déjà saturé.

Jérémy, à droite, 19 ans et bénévole au FFSS vient, avec son collègue, auprès d’une personne accueillie qui se plaint de mal de tête. Il n’y a pas de médecin généraliste ce soir. Ils doivent donc s’occuper eux-mêmes des malades.

Les dons affluent toute la soirée, Hamida, 50 ans et membre du secours populaire à la Courneuve, les réceptionne. Pour elle, « la solidarité fait partie de l’ADN de la ville. »

En fin de soirée, trois jeunes font leur apparition, Ilyès, Sofiane et Haini viennent du Bourget. Ils ont entre 16 et 17 ans et sont venus en transport en commun, comme beaucoup d’autres personnes, ils ont vu passer l’info sur Snapchat.

Jérémy Piot 

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